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ft. Ni Ni
Aptitudes
Chronologie
La montagne pour paupière, le soleil ouvre un œil pâle, encore tout ensommeillé sur la terre verte et luisante de la ferme des Sati. Coincée entre la large veine d’un fleuve aux eaux facétieuses quand elles ne sont pas traîtres et le profil altier de la roche accidentée, une colline aux courbes paresseuses en marque le centre névralgique. Sous le feuillage généreux d’un grand arbre, une vieille baraque tremblante se dresse, improvisée, faite de bric et de broc. Son toit troué tient grâce à une multitude de poutres grinçantes, ajoutées comme pansements sur une hémorragie quand il menace trop fort de s’enfuir au moindre souffle de vent. Ses murs sont un gruyère d’étalages remplis au petit matin, vidés le soir venu. Les conversations vont bon train, entre deux coups d'œil jetés aux viandes, aux peaux tannées et aux légumes, avant qu’un nouvel arrivage de commères ne remplace le précédent.
Le jour éclot à l’horizon, mais la place reste vide. Les silhouettes et les voix ne sont que des fantômes qu’un souffle glacial amène et reprend.
Le cœur ne bat plus.
Ys en balaie l’étendue silencieuse de son regard placide. Partout où il se pose, elle ne voit que la guerre et la peste. La joie de ce moment en est étouffée, quand de retour sur une terre que l’on connaît sur le bout des doigts, le poids des convenances et des incertitudes est levé. Entendra-t-elle un jour les rires de la rivière, du vent et des gens se mêler à nouveau ? Sentira-t-elle le parfum des fruits s’abreuvant de soleil ? Reverra-t-elle la vie et ses étoffes bigarrées réinvestir les lieux ? Rien n’est moins sûr. Rien n’est moins évident.
Derrière elle, des bruits de pas résonnent sur les carreaux de la terrasse, dont l’agencement et la peinture dessinent une fresque épique : l'ascension de la Reine Sosha Soruna, jusqu’à sa dernière bataille. Une main courte et épaisse se pose sur son épaule, et il n’est plus besoin d’une veste pour aussitôt réchauffer le corps et le cœur d’Ys.
« Mon petit peko-peko, » appelle la voix serrée et tremblante. « Il est temps. »
« Oui maman. » Elle s’arrache à sa contemplation ou plutôt, aux débordements de son imagination. Elle traverse leur demeure plongée dans la pénombre, dont le marbre blanc et les dorures ont cessé de briller lorsque le soleil s’est retiré. Elle rejoint les rangs serrés des domestiques et employé·es de la ferme aux visages fermés, et prend la tête de leur cortège jusqu’à la navette stationnée à l’entrée du domaine et qui doit les conduire à Theed.
« Notre peuple a décidé. Naboo quitte la Nouvelle République et rejoint l'Alliance Arkanienne. »
Les applaudissements se font attendre. Pire, ils ne viennent pas. Une rumeur sinistre s’élève dans le hall du Palais de Theed et gagne la foule dispersée à l’extérieur. Est-ce l’attaque qu’iels viennent de subir qui tempère ainsi les ardeurs ? Est-ce les trous encore fumants dans la robe de leur Souveraine qui noie la joie et le soulagement de ses concitoyen·nes ? Plus elle observe leurs visages, postée droite et solennelle derrière la Reine Rhiannon, moins Ys ne parvient à comprendre et trouver réponse à ses questions.
Un éclair traverse ses yeux sombres. Il est rare qu’un sourire n’orne pas son visage, mais les récents événements ont tari la source de sa légèreté habituelle. Elle pense comprendre, enfin, ce qui se trame. Devant elle, l’avenir est fait du même tissu que les nuages bas et lourds qui obscurcissent le ciel de Naboo : si opaque que rien ne permet de voir à travers lui.
Le jour éclot à l’horizon, mais la place reste vide. Les silhouettes et les voix ne sont que des fantômes qu’un souffle glacial amène et reprend.
Le cœur ne bat plus.
Ys en balaie l’étendue silencieuse de son regard placide. Partout où il se pose, elle ne voit que la guerre et la peste. La joie de ce moment en est étouffée, quand de retour sur une terre que l’on connaît sur le bout des doigts, le poids des convenances et des incertitudes est levé. Entendra-t-elle un jour les rires de la rivière, du vent et des gens se mêler à nouveau ? Sentira-t-elle le parfum des fruits s’abreuvant de soleil ? Reverra-t-elle la vie et ses étoffes bigarrées réinvestir les lieux ? Rien n’est moins sûr. Rien n’est moins évident.
Derrière elle, des bruits de pas résonnent sur les carreaux de la terrasse, dont l’agencement et la peinture dessinent une fresque épique : l'ascension de la Reine Sosha Soruna, jusqu’à sa dernière bataille. Une main courte et épaisse se pose sur son épaule, et il n’est plus besoin d’une veste pour aussitôt réchauffer le corps et le cœur d’Ys.
« Mon petit peko-peko, » appelle la voix serrée et tremblante. « Il est temps. »
« Oui maman. » Elle s’arrache à sa contemplation ou plutôt, aux débordements de son imagination. Elle traverse leur demeure plongée dans la pénombre, dont le marbre blanc et les dorures ont cessé de briller lorsque le soleil s’est retiré. Elle rejoint les rangs serrés des domestiques et employé·es de la ferme aux visages fermés, et prend la tête de leur cortège jusqu’à la navette stationnée à l’entrée du domaine et qui doit les conduire à Theed.
« Notre peuple a décidé. Naboo quitte la Nouvelle République et rejoint l'Alliance Arkanienne. »
Les applaudissements se font attendre. Pire, ils ne viennent pas. Une rumeur sinistre s’élève dans le hall du Palais de Theed et gagne la foule dispersée à l’extérieur. Est-ce l’attaque qu’iels viennent de subir qui tempère ainsi les ardeurs ? Est-ce les trous encore fumants dans la robe de leur Souveraine qui noie la joie et le soulagement de ses concitoyen·nes ? Plus elle observe leurs visages, postée droite et solennelle derrière la Reine Rhiannon, moins Ys ne parvient à comprendre et trouver réponse à ses questions.
Un éclair traverse ses yeux sombres. Il est rare qu’un sourire n’orne pas son visage, mais les récents événements ont tari la source de sa légèreté habituelle. Elle pense comprendre, enfin, ce qui se trame. Devant elle, l’avenir est fait du même tissu que les nuages bas et lourds qui obscurcissent le ciel de Naboo : si opaque que rien ne permet de voir à travers lui.