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Occupation : maitre sith-secrétaire du conseil impérial
Côté Cœur : célibataire
Localisation : Corsucant
Ce n'est pas tant un dossier X, qu'une petite histoire dans l'univers de Star Wars qui me trotte dans la tête depuis quelques jours et que j'ai enfin eu l'énergie d'écrire. Cela pourrait même se passer dans l'unicers de Hopes & Ashes (si les responsables sont d'accord of course), et faire objet d'un scénario, par exemple pour les Wraith, qu'on pourrait lancer sur la trace de mystérieux groupe!
Quoi qu'il en soit, c'était fun à faire et du coup, voici! N'hésitez pas à dire ce que vous en avez pensé si vous en avez envie! ^-^
Le curateur rentra dans l'arrière-salle, bien dissimulée dans les profondeurs du musée. Il s'agissait d'un de ses musées chics qui se voulaient underground, mais qui n'étaient pas vraiment undeground justement parce qu'ils étaient chics. Mais ça restait un musée et, le curateur s'en enorgueillit, un bon musée. Entendez par là que la majorité des œuvres d'art étaient des dons ou avait été acquis légalement, et que donc à peine moins de la moitié avaient été volé d'une manière ou d'une autre, généralement au sol même de leur monde d'origines par des gens qui se faisaient appeler aventuriers mais qui n'étaient en fait qu'une sorte de pilleurs historiques, quand ils ne finissaient pas tout bêtement sous une grosse boule de pierre. Bah, c'était les aléas du métier. Les aléas du métier, pour le curateur, étaient généralement moins dangereux, et n'avaient jamais encore inclus de grosses boules de pierres. Il préférait le plus petites en cuir dur, le jeudi soir au club d'à côté. Quand on gérait une collection comme la sienne -il préférait la voir la sienne que comme celle du musée qui n'était, finalement, qu'un assemblage de murs, de sols et de plafonds, et que les murs comprenaient rarement l'art. Le curateur, lui, le comprenait : il comprenait que ça rapportait gros.
Voilà pourquoi il avait accepté cette curieuse rencontre, qui les avaient menés lui et son mystérieux invité jusque dans les sous-sols de l'établissement, dans la pièce cachée et renforcée où étaient gardées les pièces jugées trop précieuses pour que l'on risque de les exposer à un public de philistins. Et puis comment aurait-on pu les vendre au marché noir, sinon ? Le curateur n'accordait en principe pas sa confiance au premier venu, mais l'homme était propre sur lui (ce qui en soit ne voulait rien dire mais qui apaisait chez le générateur le pois d'une éducation ma fois assez ancienne transmise par plusieurs générations de grands-parents à cheval sur les traditions et l'apparence. Et même si la tradition c'était de chourer des trucs aux gugusses pour les revendre à d'autres gugusses, l'apparence comptait. On présentait bien, ou on ne présentait rien). Alors il avait amené ce mystérieux...investisseur ? Quelque chose comme en tout cas, et on ne reprocherait jamais au curateur d'être passé à côté d'un investissement. Il aurait entendu deux gamins jouer dans les bas-fonds et comparer la valeur de leurs vieilles cartes holos à collectionner, il se serait arrêté cinq minutes pour leur enseigner un bon système d'échange sûr et empocher au moins quinze pour cents de commissions. On faisait ce qu'on pouvait, ma fois, on faisait ce qu'on pouvait.
« Impressionnant ! » fit le mystérieux...acheteur ? Vendeur ? Amateur d'art ? Avant de laisser échapper un sifflement, ce qui ennuya le curateur. Les gens qui se sentaient obligés d'asseoir à quel point ils s'y connaissaient dans l'appréciation d'un domaine avec un sifflement avec le don de lui porter un brin sur le système. Mais si l'homme avait les moyens dont il avait parlé, il aurait franchement pu lui siffler toute une aria d'opéra calamarien qu'il l'aurait laissé faire(1).
« N'est-ce pas ? » crut bon d'ajouter le curateur, posant triomphalement sa main sur la tête d'une statue représentant un être étrange dont il ne s'était même pas donné la peine d'apprendre le nom ; il n'en connaissait que le prix. Et la trouvait franchement grotesque, de toute façon, qui avait besoin d'autant de tentacules ? Même un, ça n'aurait pas été sérieux.
« Incroyable ! » fit l'autre, son sourire s'élargissant au point de menacer de trancher sa tête en deux. « On en trouve plus des comme ça ! Je croyais qu'elles avaient toutes été volées quand... »
« Récupéré de manière archéologique par des individus soucieux de préserver des artefacts passés de notre galaxie entière pour que leur histoire ne soit jamais oubliée. » le corrigea-t-il machinalement sans même faire l'effort de se prétendre outré. Il était plus que temps de passer au business, quelque chose, il ne savait pas vraiment quoi, lui démangeait l'arrière du cerveau, comme lorsqu'on se demande si on n'a pas oublié ses clefs alors qu'on les tient bien fort entre ses doigts.
« Ce sont des statues de danse rythmique d'un peuple de quarren exilés sur une lointaine planète aquatique qui a séché il y a un ou deux millénaire. » fit la troisième fois.
« Ah bon ? » fit le curateur, moyennement intéressé, et encore, c'était faire la charité à ce fait barbant. Puis une réalisation soudaine causa une sensation désagréable dans sa colonne vertébrale avant de remonter jusqu'au sommet de son crâne. « Ah bon ? » répéta-t-il de l'air cette fois éminemment intéressé du type qui savait qu'il n'y aurait pas dû avoir de troisième fois.
« Je trouve aussi. » repris la troisième vois qui se tapissait dans l'ombre de la pièce, une voix profonde, graveleuse, et qui n'avait pas l'air de se dire qu'elle n'aurait jamais dû être là, aussi continua-t-elle comme si de rien n'était. « On peut y trouver des schémas intéressants, quand on sait rechercher ce genre de truc. Dans les mouvements, dans les positions, dans les matériaux utilisés... Moi, ça a jamais été trop mon truc l'art, mais j'ai vu le patron accomplir des merveilles. Dommage qu'il ne soit plus là pour les voir... ou alors, qui sait, hein ? » Il émergea des ténèbres avec un grand sourire, le cigare aux lèvres. « J'étais peut-être qu'un sergent sous ses ordres, à l'époque, avant qu'il ne disparaisse, mais n'empêche que j'ai appris pas mal. Difficile de faire autrement avec lui : on apprenait, on finissait souvent morts. »
« Mais de qui vous... »
« Holà mon gars, pas de questions, t'aimeras pas les réponses. Mais si je me sens de bonne, peut-être que je répondrai quand même à des trucs. Passer le temps en attendant que les autres arrivent. »
« Les autres ? »
« Bah, l'annulaire et moi, tu penses bien qu'on est pas les seuls à faire partie du coup. On est bons, mais pas à ce point. Oh, et t'inquiète, le système de sécurité à été désactivé comme il faut il y a un moment. Quant aux gardes...disons qu'il a suffi de pointer du doigts pour les occuper. »
Le curateur, qui se sentait de plus en plus nerveux -son estomac commençait à gargouiller, il avait bu trop de lait bleu bio ce midi- se rappelait maintenant d'un curieux incident dans les galeries, tandis qu'il accompagnait cet...annulaire au sous-sol. Une grande femme dégingandée avait fait une esclandre, du genre de celles qu'on ne pouvait ignorer. Les deux gardes s'étaient aussitôt précipités pour maîtriser la situation et tirer la passante hurlante dehors.
« Et si tu te dis qu'ils devraient être revenus depuis tout c'temps, ben figure toi qu'un doigt travaille jamais seul et qu'ils se sont retrouvés...disons, majoritairement indisposé. » Il gloussa d'un ton rauque, content de sa propre blagues,
« Toutes les affaires sont ici, sergent ? » demanda l'annulaire.
« Elles le sont. » Le sergent tapota les caisses qui reposaient à ses côtés, des caisses pour lesquelles le curateur avait signé pas plus tard que ce matin. Il n'avait pas encore pu les ouvrir, la paperasse indiquait que le code allait suivre. Et qu'il ne s'agissait que de vieilles armures impériales, des reliques comme on en trouvait tant. Rien de pressant. « Elles le sont. » répéta le fumeur de cigare. Il avait beau ne plus officiellement être sergent, il y a avait des titres qui vous collaient à la peau toute la vie. Tout, dans son physique aussi bien que son maintien et la lueur caractéristique dans l’œil, hurlaient à la galaxie qu'il était né pour être sergent et le rester. Il n'y avait aucun autre trou à sa forme dans tous les univers possible. Il s'en accommodait : être sergent, ça ouvrait beaucoup de...possibilités qui ne viendraient pas à l'idée d'un civil ou -il frissonna- d'un officier.
« L'index et le majeur ont bien fait leur boulot, sergent. » continua l'annulaire, toujours aussi heureux. C'était donc un de ces types qui se montraient sincèrement enthousiastes, songea tristement le curateur dans un coin de sa tête. Il ne pouvait pas les piffer, ceux-là, sans doute parce qu'ils étaient heureux, eux. Puis il se risqua quand même à une question supplémentaire, parce que nom du nez ramolli de Palpatine, ça restait son musée, et qu'il n'était hélas (pour lui) pas du genre à se la coincer quand c'était pourtant judicieux : « Dites, c'est quoi cette histoire de doigts, là ? Les gens ne peuvent pas être des doigts ? »
« En voilà une bonne question, enfin ! » se réjouit le sergent. « Les gens peuvent être tout ce qu'ils veulent, s'ils savent s'adapter, apprendre, et le devenir au bon moment pour la bonne situation. Encore un truc que j'avais retenu du patron. Les doigts, c'est utile, t'vois. Tu les mets tous ça fait une main, t'vois ? »
« Euh...oui ? » fit le curateur, un peu interdit, principalement confus, comme hypnotisé. Le ton du sergent faisait souvent cet effet-là.
« Bien, bien. Oh, commence à ouvrir les boîtes et sortir le matos, l'annulaire, pour quand les autres vont débarquer. » Puis il reporta son discours sur le curateur : « L'annulaire, par exemple, c'est un doigt important. Déjà, c'est celui où on met la bague. Alors il faut qu'il présente bien, qu'on ait envie de lui donner des trucs, tu vois. Il n'est pas toujours obligé de convaincre la cible de l'épouser non plus, même si ça nous a été utile une fois ou deux. Disons que l'annulaire, c'est l'escroc du groupe... »
« J'croyais qu'on était tous des escrocs, sergent ! » intervint l'annulaire tandis qu'il ouvrait la première caisse.
« Ouais, ouais, mais toi, t'es l'escroc qui fait classe, qui dit qu'il a le pognon, qui nous ouvre les portes. Bon, où j'en étais ? Ah oui, si tu comptes sur tes doigts, tu dois bien te dire qu'il y en a d'autres qui viennent avant. Genre l'index... »
« S'lut, sergent ! » La femme était d'un âge indéfinissable, principalement parce qu'on passait beaucoup de temps à lever la tête pour réaliser à quel point elle était grande, ce qui donnait un peu le tournis et n'aidait pas vraiment à compter.
« L'index, donc, n'a pas son pareil pour se faire remarquer. Suffi que quiconque pointe le doigt, et tout le monde va regarder soit la direction, soit le doigt, mais rarement ce qui se passe autour. Et le plus fou...c'est que les gens suivent le doigt ! »
« C'est mon charisme naturel ! » s'amusa l'index, qui commença à enfiler ce qui ressemblait à une pièce d'amure que lui avait jeté l'annulaire.
« Et quand le charisme ne fonctionne plus ? » Le curateur posa la question presque malgré lui ; au point où il en était, il voulait savoir. C'était ça ou considérer l'alternative, qui ne lui paraissait pas très reluisante d'un point de vue de son futur proche.
«Alors c'est là où ça devient majoritairement méchant pour le pauvre pigeon. » lança le sergent, et tous les...doigts se mirent à glousser devant le regard du curateur, tant noyé d'incompréhension qu'on aurait pu y pêcher des crevettes. « On lui dresse, le majeur, mon pote, on lui dresse le majeur. Celui qu'on peut pas éviter, et qu'on se prend toujours là où sa fait mal. N'est.ce pas majeur ? »
Ça sonnait un peu comme major, mais personne n'aurait pris la femme qui venait d'entrer pour un officier. Petite, ramassée sur elle-même, l'air teigneux, elle dégageait cependant assez d'énergie réprimée pour se détendre comme un ressort au moins trois fois plus haut que l'index, figurativement parlant. Réellement parlant, le majeur était là pour faire mal, et elle ne blessait pas votre amour-propre, ça non. Elle vous piétinait plutôt sauvagement avant de vous décocher des coups de bagarres de rue qui auraient fait rougir un ancien flic pilier de comptoir, et si on vous revoyait un jour après, c'était généralement plié en deux pour au moins une semaine. Comme les gardes d'un certain musée qui gémissaient présentement dans un coin. Le majeur ne dit pas un mot, se content de commencer à se vêtir de son armure, comme les autres. Le sergent s'y était mis aussi, tranquillement, après avoir fini son cigare.
« Et vous alors ? » continua -de cette bravoure qui confine à la folie quand on sait qu'on ne risque de toute façon pas de s'en tirer. « Quel doigt vous êtes ? »
Le sergent se redressa, et le curateur vit qu'il s'agissait d'une simple armure de stormtrooper...si ce n'était qu'elle était bleue. Les armures étaient toutes bleues, du même bleu uniforme, presque organique. Le sergent leva lentement sa main en direction du visage du curateur, qui se demanda s'il n'allait pas tout soudain se délester d'un excès de lait de bleu dans le corps d'une manière qui aurait fait changé les draps à sa mère, lorsque le pouce du sergent se leva soudainement devant lui dans le signe universel du « tout va bien ! ».
« Bah chuis l'pouce, évidemment. Le cerveau de l'opération, comme qui dirait, parce que le pouce c'est un peu le cerveau de la main, comme qui dirait. C'est celui qui permet de faire tout le reste. C'est parce que chuis plutôt préhensile comme garçon, t'vois. Enchanté, monsieur le curateur, et quelle chance que vous avez de rencontrer les doigts de...
« ...la main ? » hasarda le curateur sans trop savoir pourquoi. Il n'avait tellement plus de pensées rationnelles auxquelles se raccrocher qu'il ne filtrait plus vraiment ce qui se passait entre un cerveau en train de geler et une bouche qui commençait sérieusement à trembler.
« La main ? Ah, non, monsieur le curateur, pas la main ! Le poing ! Parce que nous n'ouvrons pas la main pour saluer, nous la fermons pour prendre ce qui nous revient de droit. A nous. Le Poing de Thrawn. » Quoi que, se dit le sergent dans un coin de sa tête, la Main de Thrawn ça aurait eu du cachet, peut-être même plus que le poing. Enfin, on ne pouvait pas tout réussir du premier coup, et puis c'était certainement déjà pris.
« Thrawn ? Mais il a... » fit le curateur d'une petite voix qui se finit dans un gémissement aigu qui fut interrompu d'un coup sec par le bruit des casques que les doigts scellaient sur leur tête. Les armures étaient bel et bien bleues, de la même teinte que la peau des chiss dont faisait partie le fameux Grand Amiral Thrawn.
« ...disparu il y a des années, bien avant la fin de la guerre ? C'est ce qu'on dit, ouais, c'est ce qu'on dit. » le renseigna aimablement le sergent. D'une amabilité qui, ça s'entendait, n'était offerte que parce qu'il n'y avait sans doute plus rien de quoi se réjouir après. Le sergent était très fort avec ça. « Qui c'est ? Peut-être bien, ou peut-être qu'il l'avait prévu, se cachant pour mieux prévoir son retour, et nous, on serait l'avant-garde. Ou pas. Peut-être qu'on est juste que des fanatiques peints en bleu qui avons un jour servi sous ses ordres, et décidé qu'il était temps de faire quelque chose. Comme avec toutes ces œuvres d'art. Qui seront bien mieux entre nos mains parce que du coup, c'est comme si elles étaient entre les siennes. Et laissez mois vous dire que y a des trucs qui reste. Ou alors... » Il pointa deux doigts à sa tempe, comme pour recevoir une transmission. Il enclencha dans le même temps le micro de son casque pour en faire bénéficier le curateur, dont les genoux s'entrechoquaient répétitivement. Une voix froide, précise, parfaitement maîtrisée se fit alors brièvement entendre : « Bravo pour votre mission accomplie, sergent. Ramenez-vous hommes. » Ce fut tout.
« Ca ressemble bien au grand amiral, hein ? Tellement que ça pourrait être lui ! » Le pouce haussa les épaules (2). « D'aucun pourraient dire que y a d'autres moyens, mais franchement, ils sont qui, ces fameux d'aucun ? Et qu'est-ce qu'ils ont toujours comme ça à se mêler des affaires des honnêtes gens ? Thrawn est peut-être de retour ou non, monsieur le curateur, mais ses plus dévoués, son poing, nous on est là pour rester. Et il était plus que temps qu'on le fasse savoir. »
Le curateur écoutait sans rien dire, enregistrant à peine ce que racontait le sergent. Il était obnubilé par les visières des soldats en armure, des visières rouge, comme des yeux chiss. Bleu et rouge. Et tous, sur l'épaule, une ligne blanche et or, et les couleurs du grand amiral.
« Bon ben il semblerait qu'on ait ce qu'on est venus chercher ! » dit amicalement le sergent en tapotant le dos du curateur comme avec un vieil ami. Ce qui ne voulait rien dire, le sergent avait tuer beaucoup de vieux amis au cours de sa carrière. Les autres avaient remplis les caisses désormais vides avec les œuvres qu'ils étaient venu chercher. Les dernières de ce type dans toute la galaxie. « On ne va pas vous retenir plus longtemps, chuis sûr que vous avez des trucs à faire, des machins à cataloguer, tout ça. Vous embêtez pas avec les forces de l'ordre, on sait comment ça se passe dans ces quartiers-là sur Coruscant. Sur ce, on a réussi notre entrée discrète, maintenant il était tant de réussir notre sortie en fanfare. Que les gens nous voient un peu, et tout. Peut-être même qu'ils entendront le patron, ça fera un peu parler de tout ça, rien de tel pour alimenter les conversations et mettre les idées qu'on veut dans la tête des gens. Je parie que vous vous disiez qu'on allait vous laisser là tranquille, à raconter ce que vous avez vu aussi, c'est ça ? »
« J'avoue que ce serait fort aimable de votre part. » rétorqua le curateur dans un surprenant accès de mordant. Mais tout le monde allait voir, de toute façon, alors lui...il ne comptait plus vraiment. Et puis il avait vu leurs visages avant qu'ils n'enfilent leur masque. Mais il lui restait pourtant quelque chose, une question qui le démangeait depuis toute à l'heure sans vraiment se constituer, et elle fini tout par éclore sous le coup d'une de ces évidences folles qui arrivent toujours trop tard mais auxquelles ont se raccroche : « Dites, messieurs, euh... Il n'y pas cinq doigts dans une main...je veux dire, un poing, d'habitude ? »
« Si on part du principe qu'il s'agit d'un poing humain, monsieur le curateur, ouais, z'avez raison. C'est intéressant que vous posiez cette question maintenant, vous voyez. Il en reste effectivement un, L'auriculaire. Le plus petit, celui auquel on pense jamais, et qu'on imaginerait ne pas nous manquer...seulement il est bien là même -et surtout!- quand on ne s'y attend, et il fait tout aussi mal planté dans l’œil que les autres, monsieur le curateur. »
Mais le curateur n'écoutait plus. Il glissa sur le sol en silence, sans même un dernier râle, et s'affaissa comme un tas de chiffons bon marché. On voyait à peine le sang.
« Bon sang, t'aurais pu attendre que je finisse l'histoire, l'annulaire ! J'aime bien le petit effet que ça fait et tout. » Le soldat qui s'était entré par on ne sait où et qui s'était glissé dans le dos du curateur fit rentrer la vibro-lame dans l'armure de son poignet. Il se contenta de hausser les épaules.
« Bah, ce qui est fait est fait. Vous avez le butin, les gars ? Pas question de rentrer les mains vides, vous savez bien ! Et tout le monde est prêts ? Unis comme les, bah, les doigts de la main, ahah ? » Personne ne rit à sa blague, et il s'autorisa un bref soupir déçu. Parfois, on avait beau faire tous les efforts du monde, on n'écopait juste d'un mauvais public. Contrairement au public de la galerie qui, lui, allait se révéler parfait pour le petite représentation de sortie.
« Pour Thrawn ? » lança-t-il avec emphase.
« Pour Thrawn » répétèrent-ils tous sur des tons différents, certains plus convaincants -et convaincus- que d'autres.
« Ouais, ça ira, ça ira. Faudra pas oublier d'en balancer quelques uns. » Il vérifia les charges de son blaster, s'assurer que tout le monde était prêt, et il sourit derrière son casque. « C'est parti les gars ! »
Comme un seul homme, le Poing de Thrawn se lança à l'assaut du musée.
(1) Ça aurait fait beaucoup de bulles.
(2) Un exercice anatomiquement compliqué.
Quoi qu'il en soit, c'était fun à faire et du coup, voici! N'hésitez pas à dire ce que vous en avez pensé si vous en avez envie! ^-^
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LE POING DE THRAWN
Le curateur rentra dans l'arrière-salle, bien dissimulée dans les profondeurs du musée. Il s'agissait d'un de ses musées chics qui se voulaient underground, mais qui n'étaient pas vraiment undeground justement parce qu'ils étaient chics. Mais ça restait un musée et, le curateur s'en enorgueillit, un bon musée. Entendez par là que la majorité des œuvres d'art étaient des dons ou avait été acquis légalement, et que donc à peine moins de la moitié avaient été volé d'une manière ou d'une autre, généralement au sol même de leur monde d'origines par des gens qui se faisaient appeler aventuriers mais qui n'étaient en fait qu'une sorte de pilleurs historiques, quand ils ne finissaient pas tout bêtement sous une grosse boule de pierre. Bah, c'était les aléas du métier. Les aléas du métier, pour le curateur, étaient généralement moins dangereux, et n'avaient jamais encore inclus de grosses boules de pierres. Il préférait le plus petites en cuir dur, le jeudi soir au club d'à côté. Quand on gérait une collection comme la sienne -il préférait la voir la sienne que comme celle du musée qui n'était, finalement, qu'un assemblage de murs, de sols et de plafonds, et que les murs comprenaient rarement l'art. Le curateur, lui, le comprenait : il comprenait que ça rapportait gros.
Voilà pourquoi il avait accepté cette curieuse rencontre, qui les avaient menés lui et son mystérieux invité jusque dans les sous-sols de l'établissement, dans la pièce cachée et renforcée où étaient gardées les pièces jugées trop précieuses pour que l'on risque de les exposer à un public de philistins. Et puis comment aurait-on pu les vendre au marché noir, sinon ? Le curateur n'accordait en principe pas sa confiance au premier venu, mais l'homme était propre sur lui (ce qui en soit ne voulait rien dire mais qui apaisait chez le générateur le pois d'une éducation ma fois assez ancienne transmise par plusieurs générations de grands-parents à cheval sur les traditions et l'apparence. Et même si la tradition c'était de chourer des trucs aux gugusses pour les revendre à d'autres gugusses, l'apparence comptait. On présentait bien, ou on ne présentait rien). Alors il avait amené ce mystérieux...investisseur ? Quelque chose comme en tout cas, et on ne reprocherait jamais au curateur d'être passé à côté d'un investissement. Il aurait entendu deux gamins jouer dans les bas-fonds et comparer la valeur de leurs vieilles cartes holos à collectionner, il se serait arrêté cinq minutes pour leur enseigner un bon système d'échange sûr et empocher au moins quinze pour cents de commissions. On faisait ce qu'on pouvait, ma fois, on faisait ce qu'on pouvait.
« Impressionnant ! » fit le mystérieux...acheteur ? Vendeur ? Amateur d'art ? Avant de laisser échapper un sifflement, ce qui ennuya le curateur. Les gens qui se sentaient obligés d'asseoir à quel point ils s'y connaissaient dans l'appréciation d'un domaine avec un sifflement avec le don de lui porter un brin sur le système. Mais si l'homme avait les moyens dont il avait parlé, il aurait franchement pu lui siffler toute une aria d'opéra calamarien qu'il l'aurait laissé faire(1).
« N'est-ce pas ? » crut bon d'ajouter le curateur, posant triomphalement sa main sur la tête d'une statue représentant un être étrange dont il ne s'était même pas donné la peine d'apprendre le nom ; il n'en connaissait que le prix. Et la trouvait franchement grotesque, de toute façon, qui avait besoin d'autant de tentacules ? Même un, ça n'aurait pas été sérieux.
« Incroyable ! » fit l'autre, son sourire s'élargissant au point de menacer de trancher sa tête en deux. « On en trouve plus des comme ça ! Je croyais qu'elles avaient toutes été volées quand... »
« Récupéré de manière archéologique par des individus soucieux de préserver des artefacts passés de notre galaxie entière pour que leur histoire ne soit jamais oubliée. » le corrigea-t-il machinalement sans même faire l'effort de se prétendre outré. Il était plus que temps de passer au business, quelque chose, il ne savait pas vraiment quoi, lui démangeait l'arrière du cerveau, comme lorsqu'on se demande si on n'a pas oublié ses clefs alors qu'on les tient bien fort entre ses doigts.
« Ce sont des statues de danse rythmique d'un peuple de quarren exilés sur une lointaine planète aquatique qui a séché il y a un ou deux millénaire. » fit la troisième fois.
« Ah bon ? » fit le curateur, moyennement intéressé, et encore, c'était faire la charité à ce fait barbant. Puis une réalisation soudaine causa une sensation désagréable dans sa colonne vertébrale avant de remonter jusqu'au sommet de son crâne. « Ah bon ? » répéta-t-il de l'air cette fois éminemment intéressé du type qui savait qu'il n'y aurait pas dû avoir de troisième fois.
« Je trouve aussi. » repris la troisième vois qui se tapissait dans l'ombre de la pièce, une voix profonde, graveleuse, et qui n'avait pas l'air de se dire qu'elle n'aurait jamais dû être là, aussi continua-t-elle comme si de rien n'était. « On peut y trouver des schémas intéressants, quand on sait rechercher ce genre de truc. Dans les mouvements, dans les positions, dans les matériaux utilisés... Moi, ça a jamais été trop mon truc l'art, mais j'ai vu le patron accomplir des merveilles. Dommage qu'il ne soit plus là pour les voir... ou alors, qui sait, hein ? » Il émergea des ténèbres avec un grand sourire, le cigare aux lèvres. « J'étais peut-être qu'un sergent sous ses ordres, à l'époque, avant qu'il ne disparaisse, mais n'empêche que j'ai appris pas mal. Difficile de faire autrement avec lui : on apprenait, on finissait souvent morts. »
« Mais de qui vous... »
« Holà mon gars, pas de questions, t'aimeras pas les réponses. Mais si je me sens de bonne, peut-être que je répondrai quand même à des trucs. Passer le temps en attendant que les autres arrivent. »
« Les autres ? »
« Bah, l'annulaire et moi, tu penses bien qu'on est pas les seuls à faire partie du coup. On est bons, mais pas à ce point. Oh, et t'inquiète, le système de sécurité à été désactivé comme il faut il y a un moment. Quant aux gardes...disons qu'il a suffi de pointer du doigts pour les occuper. »
Le curateur, qui se sentait de plus en plus nerveux -son estomac commençait à gargouiller, il avait bu trop de lait bleu bio ce midi- se rappelait maintenant d'un curieux incident dans les galeries, tandis qu'il accompagnait cet...annulaire au sous-sol. Une grande femme dégingandée avait fait une esclandre, du genre de celles qu'on ne pouvait ignorer. Les deux gardes s'étaient aussitôt précipités pour maîtriser la situation et tirer la passante hurlante dehors.
« Et si tu te dis qu'ils devraient être revenus depuis tout c'temps, ben figure toi qu'un doigt travaille jamais seul et qu'ils se sont retrouvés...disons, majoritairement indisposé. » Il gloussa d'un ton rauque, content de sa propre blagues,
« Toutes les affaires sont ici, sergent ? » demanda l'annulaire.
« Elles le sont. » Le sergent tapota les caisses qui reposaient à ses côtés, des caisses pour lesquelles le curateur avait signé pas plus tard que ce matin. Il n'avait pas encore pu les ouvrir, la paperasse indiquait que le code allait suivre. Et qu'il ne s'agissait que de vieilles armures impériales, des reliques comme on en trouvait tant. Rien de pressant. « Elles le sont. » répéta le fumeur de cigare. Il avait beau ne plus officiellement être sergent, il y a avait des titres qui vous collaient à la peau toute la vie. Tout, dans son physique aussi bien que son maintien et la lueur caractéristique dans l’œil, hurlaient à la galaxie qu'il était né pour être sergent et le rester. Il n'y avait aucun autre trou à sa forme dans tous les univers possible. Il s'en accommodait : être sergent, ça ouvrait beaucoup de...possibilités qui ne viendraient pas à l'idée d'un civil ou -il frissonna- d'un officier.
« L'index et le majeur ont bien fait leur boulot, sergent. » continua l'annulaire, toujours aussi heureux. C'était donc un de ces types qui se montraient sincèrement enthousiastes, songea tristement le curateur dans un coin de sa tête. Il ne pouvait pas les piffer, ceux-là, sans doute parce qu'ils étaient heureux, eux. Puis il se risqua quand même à une question supplémentaire, parce que nom du nez ramolli de Palpatine, ça restait son musée, et qu'il n'était hélas (pour lui) pas du genre à se la coincer quand c'était pourtant judicieux : « Dites, c'est quoi cette histoire de doigts, là ? Les gens ne peuvent pas être des doigts ? »
« En voilà une bonne question, enfin ! » se réjouit le sergent. « Les gens peuvent être tout ce qu'ils veulent, s'ils savent s'adapter, apprendre, et le devenir au bon moment pour la bonne situation. Encore un truc que j'avais retenu du patron. Les doigts, c'est utile, t'vois. Tu les mets tous ça fait une main, t'vois ? »
« Euh...oui ? » fit le curateur, un peu interdit, principalement confus, comme hypnotisé. Le ton du sergent faisait souvent cet effet-là.
« Bien, bien. Oh, commence à ouvrir les boîtes et sortir le matos, l'annulaire, pour quand les autres vont débarquer. » Puis il reporta son discours sur le curateur : « L'annulaire, par exemple, c'est un doigt important. Déjà, c'est celui où on met la bague. Alors il faut qu'il présente bien, qu'on ait envie de lui donner des trucs, tu vois. Il n'est pas toujours obligé de convaincre la cible de l'épouser non plus, même si ça nous a été utile une fois ou deux. Disons que l'annulaire, c'est l'escroc du groupe... »
« J'croyais qu'on était tous des escrocs, sergent ! » intervint l'annulaire tandis qu'il ouvrait la première caisse.
« Ouais, ouais, mais toi, t'es l'escroc qui fait classe, qui dit qu'il a le pognon, qui nous ouvre les portes. Bon, où j'en étais ? Ah oui, si tu comptes sur tes doigts, tu dois bien te dire qu'il y en a d'autres qui viennent avant. Genre l'index... »
« S'lut, sergent ! » La femme était d'un âge indéfinissable, principalement parce qu'on passait beaucoup de temps à lever la tête pour réaliser à quel point elle était grande, ce qui donnait un peu le tournis et n'aidait pas vraiment à compter.
« L'index, donc, n'a pas son pareil pour se faire remarquer. Suffi que quiconque pointe le doigt, et tout le monde va regarder soit la direction, soit le doigt, mais rarement ce qui se passe autour. Et le plus fou...c'est que les gens suivent le doigt ! »
« C'est mon charisme naturel ! » s'amusa l'index, qui commença à enfiler ce qui ressemblait à une pièce d'amure que lui avait jeté l'annulaire.
« Et quand le charisme ne fonctionne plus ? » Le curateur posa la question presque malgré lui ; au point où il en était, il voulait savoir. C'était ça ou considérer l'alternative, qui ne lui paraissait pas très reluisante d'un point de vue de son futur proche.
«Alors c'est là où ça devient majoritairement méchant pour le pauvre pigeon. » lança le sergent, et tous les...doigts se mirent à glousser devant le regard du curateur, tant noyé d'incompréhension qu'on aurait pu y pêcher des crevettes. « On lui dresse, le majeur, mon pote, on lui dresse le majeur. Celui qu'on peut pas éviter, et qu'on se prend toujours là où sa fait mal. N'est.ce pas majeur ? »
Ça sonnait un peu comme major, mais personne n'aurait pris la femme qui venait d'entrer pour un officier. Petite, ramassée sur elle-même, l'air teigneux, elle dégageait cependant assez d'énergie réprimée pour se détendre comme un ressort au moins trois fois plus haut que l'index, figurativement parlant. Réellement parlant, le majeur était là pour faire mal, et elle ne blessait pas votre amour-propre, ça non. Elle vous piétinait plutôt sauvagement avant de vous décocher des coups de bagarres de rue qui auraient fait rougir un ancien flic pilier de comptoir, et si on vous revoyait un jour après, c'était généralement plié en deux pour au moins une semaine. Comme les gardes d'un certain musée qui gémissaient présentement dans un coin. Le majeur ne dit pas un mot, se content de commencer à se vêtir de son armure, comme les autres. Le sergent s'y était mis aussi, tranquillement, après avoir fini son cigare.
« Et vous alors ? » continua -de cette bravoure qui confine à la folie quand on sait qu'on ne risque de toute façon pas de s'en tirer. « Quel doigt vous êtes ? »
Le sergent se redressa, et le curateur vit qu'il s'agissait d'une simple armure de stormtrooper...si ce n'était qu'elle était bleue. Les armures étaient toutes bleues, du même bleu uniforme, presque organique. Le sergent leva lentement sa main en direction du visage du curateur, qui se demanda s'il n'allait pas tout soudain se délester d'un excès de lait de bleu dans le corps d'une manière qui aurait fait changé les draps à sa mère, lorsque le pouce du sergent se leva soudainement devant lui dans le signe universel du « tout va bien ! ».
« Bah chuis l'pouce, évidemment. Le cerveau de l'opération, comme qui dirait, parce que le pouce c'est un peu le cerveau de la main, comme qui dirait. C'est celui qui permet de faire tout le reste. C'est parce que chuis plutôt préhensile comme garçon, t'vois. Enchanté, monsieur le curateur, et quelle chance que vous avez de rencontrer les doigts de...
« ...la main ? » hasarda le curateur sans trop savoir pourquoi. Il n'avait tellement plus de pensées rationnelles auxquelles se raccrocher qu'il ne filtrait plus vraiment ce qui se passait entre un cerveau en train de geler et une bouche qui commençait sérieusement à trembler.
« La main ? Ah, non, monsieur le curateur, pas la main ! Le poing ! Parce que nous n'ouvrons pas la main pour saluer, nous la fermons pour prendre ce qui nous revient de droit. A nous. Le Poing de Thrawn. » Quoi que, se dit le sergent dans un coin de sa tête, la Main de Thrawn ça aurait eu du cachet, peut-être même plus que le poing. Enfin, on ne pouvait pas tout réussir du premier coup, et puis c'était certainement déjà pris.
« Thrawn ? Mais il a... » fit le curateur d'une petite voix qui se finit dans un gémissement aigu qui fut interrompu d'un coup sec par le bruit des casques que les doigts scellaient sur leur tête. Les armures étaient bel et bien bleues, de la même teinte que la peau des chiss dont faisait partie le fameux Grand Amiral Thrawn.
« ...disparu il y a des années, bien avant la fin de la guerre ? C'est ce qu'on dit, ouais, c'est ce qu'on dit. » le renseigna aimablement le sergent. D'une amabilité qui, ça s'entendait, n'était offerte que parce qu'il n'y avait sans doute plus rien de quoi se réjouir après. Le sergent était très fort avec ça. « Qui c'est ? Peut-être bien, ou peut-être qu'il l'avait prévu, se cachant pour mieux prévoir son retour, et nous, on serait l'avant-garde. Ou pas. Peut-être qu'on est juste que des fanatiques peints en bleu qui avons un jour servi sous ses ordres, et décidé qu'il était temps de faire quelque chose. Comme avec toutes ces œuvres d'art. Qui seront bien mieux entre nos mains parce que du coup, c'est comme si elles étaient entre les siennes. Et laissez mois vous dire que y a des trucs qui reste. Ou alors... » Il pointa deux doigts à sa tempe, comme pour recevoir une transmission. Il enclencha dans le même temps le micro de son casque pour en faire bénéficier le curateur, dont les genoux s'entrechoquaient répétitivement. Une voix froide, précise, parfaitement maîtrisée se fit alors brièvement entendre : « Bravo pour votre mission accomplie, sergent. Ramenez-vous hommes. » Ce fut tout.
« Ca ressemble bien au grand amiral, hein ? Tellement que ça pourrait être lui ! » Le pouce haussa les épaules (2). « D'aucun pourraient dire que y a d'autres moyens, mais franchement, ils sont qui, ces fameux d'aucun ? Et qu'est-ce qu'ils ont toujours comme ça à se mêler des affaires des honnêtes gens ? Thrawn est peut-être de retour ou non, monsieur le curateur, mais ses plus dévoués, son poing, nous on est là pour rester. Et il était plus que temps qu'on le fasse savoir. »
Le curateur écoutait sans rien dire, enregistrant à peine ce que racontait le sergent. Il était obnubilé par les visières des soldats en armure, des visières rouge, comme des yeux chiss. Bleu et rouge. Et tous, sur l'épaule, une ligne blanche et or, et les couleurs du grand amiral.
« Bon ben il semblerait qu'on ait ce qu'on est venus chercher ! » dit amicalement le sergent en tapotant le dos du curateur comme avec un vieil ami. Ce qui ne voulait rien dire, le sergent avait tuer beaucoup de vieux amis au cours de sa carrière. Les autres avaient remplis les caisses désormais vides avec les œuvres qu'ils étaient venu chercher. Les dernières de ce type dans toute la galaxie. « On ne va pas vous retenir plus longtemps, chuis sûr que vous avez des trucs à faire, des machins à cataloguer, tout ça. Vous embêtez pas avec les forces de l'ordre, on sait comment ça se passe dans ces quartiers-là sur Coruscant. Sur ce, on a réussi notre entrée discrète, maintenant il était tant de réussir notre sortie en fanfare. Que les gens nous voient un peu, et tout. Peut-être même qu'ils entendront le patron, ça fera un peu parler de tout ça, rien de tel pour alimenter les conversations et mettre les idées qu'on veut dans la tête des gens. Je parie que vous vous disiez qu'on allait vous laisser là tranquille, à raconter ce que vous avez vu aussi, c'est ça ? »
« J'avoue que ce serait fort aimable de votre part. » rétorqua le curateur dans un surprenant accès de mordant. Mais tout le monde allait voir, de toute façon, alors lui...il ne comptait plus vraiment. Et puis il avait vu leurs visages avant qu'ils n'enfilent leur masque. Mais il lui restait pourtant quelque chose, une question qui le démangeait depuis toute à l'heure sans vraiment se constituer, et elle fini tout par éclore sous le coup d'une de ces évidences folles qui arrivent toujours trop tard mais auxquelles ont se raccroche : « Dites, messieurs, euh... Il n'y pas cinq doigts dans une main...je veux dire, un poing, d'habitude ? »
« Si on part du principe qu'il s'agit d'un poing humain, monsieur le curateur, ouais, z'avez raison. C'est intéressant que vous posiez cette question maintenant, vous voyez. Il en reste effectivement un, L'auriculaire. Le plus petit, celui auquel on pense jamais, et qu'on imaginerait ne pas nous manquer...seulement il est bien là même -et surtout!- quand on ne s'y attend, et il fait tout aussi mal planté dans l’œil que les autres, monsieur le curateur. »
Mais le curateur n'écoutait plus. Il glissa sur le sol en silence, sans même un dernier râle, et s'affaissa comme un tas de chiffons bon marché. On voyait à peine le sang.
« Bon sang, t'aurais pu attendre que je finisse l'histoire, l'annulaire ! J'aime bien le petit effet que ça fait et tout. » Le soldat qui s'était entré par on ne sait où et qui s'était glissé dans le dos du curateur fit rentrer la vibro-lame dans l'armure de son poignet. Il se contenta de hausser les épaules.
« Bah, ce qui est fait est fait. Vous avez le butin, les gars ? Pas question de rentrer les mains vides, vous savez bien ! Et tout le monde est prêts ? Unis comme les, bah, les doigts de la main, ahah ? » Personne ne rit à sa blague, et il s'autorisa un bref soupir déçu. Parfois, on avait beau faire tous les efforts du monde, on n'écopait juste d'un mauvais public. Contrairement au public de la galerie qui, lui, allait se révéler parfait pour le petite représentation de sortie.
« Pour Thrawn ? » lança-t-il avec emphase.
« Pour Thrawn » répétèrent-ils tous sur des tons différents, certains plus convaincants -et convaincus- que d'autres.
« Ouais, ça ira, ça ira. Faudra pas oublier d'en balancer quelques uns. » Il vérifia les charges de son blaster, s'assurer que tout le monde était prêt, et il sourit derrière son casque. « C'est parti les gars ! »
Comme un seul homme, le Poing de Thrawn se lança à l'assaut du musée.
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(1) Ça aurait fait beaucoup de bulles.
(2) Un exercice anatomiquement compliqué.
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"He didn't administer a reign of terror, just the occasional light shower." Terry Pratchett
Thème: Everybody Want to Rule the World (Lorde)
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