Hope not to die (Erys)

07 ABY - Moi 07 La vie n’est pas tendre. Winn est jeune, mais elle l’a appris à ses dépens. C’est peut-être pour ça qu’elle trouve un certain réconfort sur Naboo. Le palais royal abrite la jeunesse et des vies aussi chamboulées que la sienne. En réalité, c’est sûrement parce que les événements sur Ilum les ont toutes touchées de la même manière. Le silence règne sur ce qu’il s’est passé. Winn n’arrive pas encore à poser de mots dessus. Le souvenir de la douleur suffit à la plonger dans un mutisme inquiétant.

Elle a manqué de mourir. Pour la troisième fois de sa vie. Et elle ne sait pas comment elle est sensée se sentir, mais elle ne se sent pas vivante. Comment comprendre qu’à son âge, la vie a voulu lui ôter la sienne à 3 reprises ? Quel raisonnement peut bien la mener à accepter cet état de fait ?

La guerre est violente. La guerre est brutale. Elle ne connaît ni raison ni justice. Mais il y a des soldats qui s’en sortent toujours physiquement indemnes. Et d’autres, comme elle, qui finissent par se demander s’ils sont faits pour être soldats, quand malgré l’entraînement les blessures fatales s’accumulent.

Il n’existe aucune trace de sa dernière blessure. La Force a tout effacé, tout soigné. Tout, sauf son esprit qui ne cesse d’essayer de la tuer, lui aussi. Et la fatigue l’accable, mais elle ne la laisse pas faire. Sur ses traits tirés, marqués par les nuits sans sommeil, elle s’efforce d’esquisser son sourire éternel. Celui qui masque, qui détourne les soupçons, qui maintient l’illusion d’une jeune bien dans sa peau.

Ça fait deux jours que Naboo a recueilli sa carcasse. Les nouvelles de Dantooine sont bonnes. Elle a l’autorisation de poursuivre sa mission avec les Naboo pour libérer Itzel. Et comme une bonne nouvelle en suit toujours une autre, Loop est en chemin pour la retrouver. Récupéré, bichonné et envoyé par Romy, sans aucun doute. Les doigts de Winn ne peuvent s’empêcher, parfois, de se tendre en direction d’un dôme qui n’est pas à ses côtés. Son absence, elle la ressent sûrement trop, mais il est plus qu’un astromech. La République elle-même le sait. La République l’impose.

Pour la première fois depuis deux jours, Winn est sortie de sa chambre. Elle s’est trouvée un coin dans le hangar pour travailler sur les plans de la prison impériale, en attendant que son X-Wing arrive enfin. Elle n’arrive pas à se concentrer pourtant. La fatigue prend le dessus, la nervosité aussi. L’impulsion de ses jambes la pousse à inspecter de plus près les chasseurs Naboo qui peuplent le hangar. Dans son uniforme militaire républicain, elle détonne auprès des mécaniciens, mais elle ne s’en préoccupe plus. Romy serait fascinée ici. Et Winn ne peut pas nier qu’elle aussi aimerait bien s’essayer à en piloter un. Mais la question n’a pas le temps de quitter ses lèvres. Au même rythme que son palpitant, les portes du hangar s’ouvrent pour laisser atterrir son X-Wing.

En une seconde, le vaisseau est posé et Loop saute de son emplacement pour lui rentrer dedans. Les bips se multiplient, mais Winn l’écoute à peine. Elle s’agenouille devant lui, le front contre son dôme, les larmes aux yeux. « Tu m’as manqué bud. » Les deux bips qui suivent, lui font échapper un sanglot. Un seul. Et lorsqu’elle s’écarte pour s'asseoir à côté de lui, elle éclate de rire. Sous son nez, le compartiment réservé à son traitement s’ouvre pour faire sortir un muffin. « Tu crois que j’ai pas mangé depuis deux jours ou quoi ? » Une série de bips vient résonner dans le hangar qui devient brutalement très silencieux.

Curieuse, elle relève la tête pour observer la silhouette de la reine s’avancer. Winn, son muffin à la main, ne sait pas trop comment réagir. Se lever et la saluer comme il se doit, à la manière du personnel du hangar, droits comme des I ? Ou rester assise là où elle souhaite être, pour profiter de Loop et la saluer plus naturellement, comme elle a déjà vu faire les autres dames de compagnie ?

Son muffin en l’air, sa main effectue le salut le plus gênant qu’elle pouvait faire. « Bonjour ! » Mais vu le passif de Winn en compagnie d’Erys, elle a appris que le ridicule ne tue pas. C’est peut-être mieux comme ça.